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  • Sandra Grès

Riri, Fifi et Loulou, un exemple de francisation !

Dernière mise à jour : 26 août

Dans cet article, je m’intéresse à la francisation des noms propres étrangers. Je présente les enjeux, mais aussi les inconvénients. N’hésitez pas à commenter et à vous exprimer librement sur le sujet !

 

Raison des adaptations des noms propres étrangers

 

Certains pays modifient les noms propres étrangers pour les rendre plus faciles à prononcer et à mémoriser par les locaux. L’adaptation s’aligne alors sur les règles phonétiques, grammaticales ou culturelles d'une langue. Parfois, les noms ont été traduits ou adaptés il y a longtemps, et ces formes ont été conservées dans l'usage courant.

 

Modification des noms de personnages fictifs et de célébrités

 

La modification de noms de personnages fictifs étrangers ou de célébrités étrangères est assez courante dans de nombreuses langues et cultures. Cela permet notamment de rendre les noms plus faciles à prononcer, à mémoriser ou à adapter aux conventions linguistiques locales.

 

Exemple de noms de personnages fictifs modifiés

 

Il existe ainsi souvent des versions étrangères des personnages de Disney. Par exemple, seuls les pays francophones connaissent les personnages originaux de Huey, Dewey et Louie (les neveux de Donald Duck) sous les noms de Riri, Fifi et Loulou. Ces derniers deviennent :

·         Qui, Quo et Qua, en Italie ;

·         Juanito, Jaimito et Jorgito, en Espagne ;

·         Tick, Trick et Track, en Allemagne ;

·         Ou encore Knatte, Fnatte et Tjatte, en Suède.

 

Exemple de francisation de noms de personnes historiques

 

La modification de noms existe aussi pour les personnes historiques. Ainsi, les pays francophones sont les seuls à parler de Fernand de Magellan, le navigateur et explorateur portugais du nom original de Fernão de Magalhães. Il en va de même pour Léonard de Vinci, l’artiste italien du nom original de Leonardo di ser Piero da Vinci, dit Leonardo da Vinci. 

 

Traduction des toponymes

 

Au niveau international, le GENUNG (Groupe d’experts des Nations unies pour les noms géographiques) normalise la toponymie dans les différentes langues des organisations internationales. Dans ce groupe, l’Institut géographique national (IGN) représente la France. Au niveau de notre pays, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères détermine les appellations officielles de la toponymie en français. Il prend en compte les évolutions politiques et historiques, ainsi que l’usage français.

 

Ainsi, la ville croate Zadar était auparavant appelée "Jadres" en France. Progressivement, le nom utilisé par les Français a changé. En effet, nous avons ensuite adopté le nom italien donné à la ville, Zara. Puis, nous avons utilisé le nom que la ville possède actuellement en croate : Zadar.

 

Par ailleurs, tous les noms de villes ne sont pas traduits en d’autres langues. Les villes au nom modifié par les pays étrangers revêtent la plupart du temps de l’importance sur le plan mondial (au niveau commercial ou politique, par exemple).

 

Ce type de traduction intervient pour des raisons pratiques, notamment pour faciliter la prononciation et l’écriture par les différentes populations. Elle se fait généralement par adaptation phonétique. Cologne, par exemple, est l’exonyme français de la ville allemande Köln. Parfois, la traduction est plus littérale. Rijsel, par exemple, est l’exonyme néerlandais de la ville française Lille. En ancien néerlandais, la ville était appelée "Ter IJssel", qui signifie "au bord de l'Yssel", une rivière près de laquelle la ville s'est développée. Au fil du temps, "Ter IJssel" s'est contracté et a évolué pour devenir "Rijsel".

 

Parfois, malgré leur importance sur le plan mondial, des villes ont peu ou pas d’exonymes. Ainsi, Madrid et Amsterdam ont une écriture unique dans la quasi-totalité des langues (dans notre alphabet en tout cas). Chaque pays a estimé que la prononciation et l’écriture de ces toponymes étaient simples, et a donc décidé de conserver leur version originale.

 

Mon point de vue sur la francisation des noms propres étrangers

 

Bien que la francisation rende certains noms propres étrangers plus accessibles ou compréhensibles pour les francophones, il existe à mon sens plusieurs inconvénients décrits ci-après. Cela montre l'importance de respecter et de préserver les formes originales autant que possible.

 

Perte de sens et confusion

 

Ainsi, l'adaptation d'un nom propre peut entraîner la perte de son sens original ou de sa signification culturelle. Par exemple, les noms de personnes peuvent avoir des significations particulières dans leur langue d'origine qui se perdent avec la francisation.

 

Certains noms francisés peuvent prêter à confusion, surtout si les versions originales sont largement reconnues à l'international. Par exemple, "Londres" pour "London" peut être clair pour les francophones, mais, dans un contexte global, cela peut entraîner des malentendus.

 

Incompréhensions et difficultés à communiquer à l’étranger

 

En outre, les cours d’histoire et de géographie devraient, selon moi, au moins mentionner les noms originaux étrangers. Ce n’est pas le cas en France, et cela explique pourquoi de nombreux Français ne savent pas ou oublient que de nombreux noms de villes, pays ou encore personnages sont modifiés. De ce fait, des voyageurs peu expérimentés s’obstinent parfois à utiliser les versions françaises de ces noms à l’étranger. Ils ont alors du mal à se faire comprendre en dehors de l’Hexagone.

 

Utiliser les versions françaises de noms propres étrangers (lieux ou personnes) dans leur pays d’origine peut donc nuire à la fluidité de la communication.

 

Impact négatif d’une francisation non consciente sur l’image des Français

 

Utiliser les versions françaises des noms à l’étranger peut également nuire à l’image des Français qui n’ont pas conscience de ces modifications. Si l’on s’obstine à utiliser les versions françaises dans le pays d’origine, cela peut contribuer à une perception ethnocentrique où la langue et la culture françaises sont placées au-dessus des autres.

 

De même que je défends la langue française et sa richesse, l’adaptation française de noms propres étrangers me semble trop fréquente, mais, surtout, pas assez prise en compte par les Français. Les locuteurs des langues d’origine peuvent percevoir négativement une francisation trop présente, en quelque sorte comme une imposition culturelle.

 

De plus, il arrive que les toponymes francisés ne suivent pas les évolutions des langues originales, créant ainsi un décalage important entre l'usage contemporain dans le pays d'origine et la version française.

 

Francisation et difficultés d’utilisation des bases de données internationales

 

Enfin, utiliser une version francisée peut compliquer la recherche d'informations, car le nom d'origine se révèle parfois nécessaire pour trouver des documents ou des références dans des bases de données internationales.



Riri, Fifi, Loulou
Riri, Fifi, Loulou

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