Pour expliquer cette expression, il me semble nécessaire de relater plusieurs faits historiques. Robert II, dit Robert le Pieux (970-1031), fils de Hugues Capet, résidait dans un château au milieu d’une vallée de verdure appelée Vauvert, c’est-à-dire val vert (al se prononçant alors au), vallis viridis.
Ce roi fut excommunié par le pape Grégoire V pour avoir répudié son épouse Rosalia et épousé sa cousine Berthe de Bourgogne. À sa mort, la résidence est abandonnée, car la demeure d’un roi excommunié devient maudite, étant possiblement habitée par le diable, selon les croyances de l’époque. Les ruines du château de Vauvert finissent par abriter des mendiants et des brigands.
Les multiples cachettes offertes par les galeries souterraines et les vignobles à proximité permettent à tous ces hommes de boire en abondance sans se faire voir. Les habitants des alentours évoquent des cris, des hurlements, des vols mystérieux, et en concluent rapidement que des esprits, et surtout le diable, ont pris possession des lieux. Dès lors, personne, pas même la maréchaussée, n’ose s’y approcher.
L’isolement du domaine et la présence supposée du diable donnent naissance au XVe siècle à l’expression aller au diable Vauvert, c’est-à-dire aller très loin. Cette expression peut également s’employer avec d’autres verbes comme revenir ou habiter.
Il est bien difficile d’imaginer ce lieu maudit en parcourant aujourd’hui le jardin du Luxembourg (à Paris), très fréquenté, qui occupe le même emplacement. Il ne reste plus aucune trace du château de Vauvert.